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Franck Ferlay, professeur d'histoire en République Tchèque

15/05/2015

Franck Ferlay est professeur d'histoire-géographie dans la section bilingue du lycée Matyas Lerch de Brno.
 

Les méthodes d'enseignement de l'histoire en français diffèrent-elles des modèles didactiques utilisés pour l'enseignement de l'histoire en tchèque ?

Dans les sections bilingues franco-tchèques, l'histoire est l'une des matières enseignées durant les six années du cursus et fait également partie des matières proposées à la maturita avec la physique, la chimie et la géographie. Les professeurs tchèques et français chargés de cet enseignement alternent et il n'est pas rare d'avoir des discussions tant sur les programmes que sur les finalités ou le contenu des cours. Les réactions de nos élèves nous rappellent qu'il existe bien des différences parmi lesquelles les plus significatives sont les suivantes.

Tout d'abord les programmes tchèques réservent une place bien plus grande aux périodes anciennes comme le Moyen Âge et, inversement, nous accordons en France plus d'attention à l'histoire récente, notamment de la seconde guerre mondiale à nos jours (cette question fait d'ailleurs débat actuellement en République tchèque).

Les finalités de cet enseignement diffèrent aussi : les objectifs de la formation du citoyen et de la compréhension du monde actuel en France encouragent les enseignants à insister sur la compréhension des grands principes et des modes d'organisation des sociétés au fil des siècles, alors qu'en République tchèque, les savoirs encyclopédiques sont privilégiés. D'ailleurs, la comparaison des manuels d'histoire illustre bien cette différence puisque le texte occupe une place bien grande dans les ouvrages tchèques.

Nous constatons aussi que les élèves tchèques ne sont pas habitués à s'exprimer ou à critiquer des documents historiques, ce qui provient certainement de la façon plus magistrale d'enseigner cette matière en République tchèque où l'appel à l'esprit critique des élèves n'est pas aussi systématique qu'en France. Une nouvelle fois, la pauvreté des manuels tchèques en documents corrobore ce constat.

Cette brève comparaison est forcément caricaturale et ne sous-entend bien entendu aucun jugement de valeur, les enseignants français se plaignant souvent des manques de culture historique de leurs élèves tandis que leurs collègues tchèques déplorent le manque d'esprit critique des jeunes Tchèques. Il serait donc tentant de conclure que les élèves des sections franco-tchèques sont en position idéale…

Franck Ferlay