Pierre-Yves Roux, expert du CIEP, à l'occasion d'une visite d'expertise à l'école Girard (Alexandrie), en décembre 2014. Crédits photo : école Girard
Dans le cadre d’une convention de partenariat signée entre l’Institut français d’Égypte (IFE) et le Centre international d’études pédagogiques (CIEP), le projet d’implantation d’une démarche qualité dans les établissements bilingues francophones d’Égypte a été mis en place depuis 2013. Pierre-Yves Roux, responsable de l’unité "Expertise et projets" au département langue française du CIEP, revient sur l’intérêt d’une telle démarche, présente la méthodologie et les outils utilisés et dresse un premier bilan du projet.
La démarche qualité et ses intérêts
L’Ambassade de France en Égypte a fait de l’enseignement bilingue francophone une de ses orientations prioritaires dans le domaine de la promotion et de la diffusion du français. Il existe actuellement en Égypte plus de 50 établissements proposant un enseignement des mathématiques et des disciplines scientifiques en français. Dans le cadre d’une convention de partenariat signée entre l’Institut français d'Égypte (Service de coopération linguistique et éducative) et le département langue française du CIEP, le projet d’implantation d’une démarche qualité a été mis en place depuis mi-2013.
Onze établissements du Caire et d’Alexandrie, tous volontaires, sont pour l’instant inscrits dans cette démarche qui vise à améliorer leur fonctionnement et leur efficacité et donc, in fine, les résultats de leurs élèves. Le projet se veut à la fois innovant, impliquant, structurant et fortement contextualisé pour pouvoir s’adapter aux spécificités de chacun des lycées. On signalera également la collégialité et donc la dynamique interne induites par un projet susceptible de concerner l’ensemble du personnel et l’ensemble des services.
La méthodologie du projet
Le projet a adopté la chronologie et la méthodologie devant prévaloir pour l’implantation de toute démarche qualité, à savoir :
- élaboration d’un référentiel qualité
- expertise externe des établissements à l’aide du référentiel, réalisé par des experts du CIEP qui ont passé deux jours dans chaque école
- expertise interne (ou autoévaluation) par les équipes de chaque établissement, à l’aide du même référentiel et donc des mêmes indicateurs
- transmission aux établissements des conclusions des expertises externes
- comparaison des conclusions des expertises externes et internes
- constats des points forts et des principaux points perfectibles dans chaque établissement
- identification de priorités et élaboration d’un plan d’action
- mise en œuvre du plan d’action (régulation, évaluation, etc.)
- identification de nouveaux objectifs.
Le référentiel
Le CIEP a élaboré le référentiel qualité à l’intention des établissements, sans leur intervention, afin d’éviter d’y introduire des critères liés au contexte égyptien, susceptible d’évoluer. Il décrit un établissement bilingue "idéal" et liste des critères, ambitieux et réalistes, qui ne sont pas des objectifs mais qui représentent une finalité.
Le référentiel distingue trois niveaux :
- niveau institutionnel et communicationnel
- niveau organisationnel
- niveau opérationnel (pédagogique)
Les interactions entre ces trois niveaux sont évidentes, tout comme sont évidentes les incidences que les domaines institutionnel ou organisationnel peuvent avoir sur la pédagogie.
Réfléchir de façon globale permettra de mieux appréhender les difficultés, mais aussi d’éviter de croire que les formations d’enseignants peuvent apporter des réponses à tous les problèmes rencontrés. Les formations d’enseignants n’apporteront de réponses qu’aux seules questions pédagogiques, alors que les problèmes sont souvent plus variés et plus nombreux.
La distinction entre une démarche qualité et l’assurance qualité
Les établissements privés égyptiens doivent se conformer aux exigences de la norme ISO 9001 qui atteste d’un « système de management de la qualité ».
Par ailleurs, le projet IFE – CIEP ne se situe ni en concurrence ni en contradiction avec cette assurance qualité. Alors que la norme ISO atteste du respect de normes minimales (ou « seuil »), la démarche qualité vise à améliorer les performances de l’établissement, quels que soient son niveau et ses résultats actuels.
Des constats communs et des spécificités
La mise en œuvre du projet a notamment permis de faire des constats communs à tous les établissements et d’autres plus spécifiques : cela a permis à l’Institut français de distinguer les actions en direction de l’ensemble des lycées concernés (besoins partagés) et les actions s’adressant plus particulièrement à l’un ou à l’autre.
Premières conclusions
Même s’il est trop tôt pour pouvoir mesurer l’effet d’un projet pluriannuel et d’actions qui doivent s’inscrire dans la durée, il est cependant possible de se risquer à de premières conclusions dans trois domaines :
- L’adhésion au projet a souvent demandé du temps et le recours à des arguments faisant valoir la complémentarité et la cohérence des actions. Tous les établissements concernés ont aujourd’hui reconnu le sens du projet et sont totalement impliqués ;
- L’appropriation du projet par les établissements s’est effectuée en deux temps : tout d’abord l’adaptation et la contextualisation des outils à disposition (référentiels, documents cadre, etc.), puis à travers l’autonomisation et la responsabilisation progressives et accompagnées des établissements ;
- Les « Plans d’action pour un enseignement bilingue de qualité » élaborés sont pluriannuels et s’inscrivent dans les projets des établissements. Ils ont permis de mieux organiser et de mieux formaliser toutes les actions qui sont déjà en place dans les lycées, et de programmer de nouvelles actions pour apporter des réponses adaptées aux difficultés que les expertises externes et internes avaient permis d’identifier.
De nombreux autres établissements sont désormais volontaires pour intégrer un projet dont ils ont compris la logique mais aussi tout le potentiel.
