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L’enseignement bilingue francophone au Kazakhstan

17/05/2023

Les premières sections bilingues francophones ont vu le jour en 2021 au Kazakhstan. Aujourd’hui, quatre écoles proposent des cursus bilingues, à partir de la 5ème classe (10-11 ans), correspondant à la première année du cycle secondaire. Les élèves y suivent un enseignement renforcé en langue française et l’enseignement de DNL en français (mathématiques et/ou sciences physiques).

Infographie Kazakhstan

La place du français au Kazakhstan

Selon les données fournies par le ministère kazakhstanais de l’Éducation, moins de 1 % des élèves apprennent aujourd’hui le français au Kazakhstan (11 164 élèves en 2022, soit 0,32 % du nombre total d’élèves). Cela signifie que le français a quasiment disparu de l’enseignement secondaire (ils étaient 52 328 élèves à apprendre le français en 2005). Plusieurs raisons expliquent cette baisse : l’obsolescence des outils pédagogiques, notamment des manuels ; un corps enseignant vieillissant ; le manque d’attractivité de la profession ; une pénurie d’enseignants ; la fermeture des facultés et départements de français. Ces problèmes se cumulent et contribuent à la suppression des classes de français dans les écoles du Kazakhstan. Comme dans d’autres ex-républiques soviétiques – en Biélorussie par exemple –, l’enseignement obligatoire de la langue nationale et du russe ne laisse la place qu’à l’apprentissage d’une seule langue étrangère. L’apprentissage de l’anglais fut même imposé par les autorités kazakhstanaises à travers la politique du trilinguisme kazakh/russe/anglais menée entre 2002 et 2019 (obligation d’apprendre l’anglais dès le niveau cours préparatoire). Cette politique fut assouplie à la rentrée 2019 (avec un choix désormais possible entre français, allemand, chinois, coréen et anglais en LV2), mais il semble trop tôt pour dire que la tendance s’inverse.

Le dispositif d’enseignement bilingue francophone

À l’initiative du poste diplomatique et suite à l’accord donné par le ministère kazakhstanais de l’Éducation en mars 2021, deux sections bilingues francophones ont vu le jour à la rentrée 2021 : la première au sein de l’École n°17 Kurmanov à Astana (la capitale) et la seconde à l’École n°25 Essenberlin à Almaty, deux établissements particulièrement actifs dans l’enseignement du français. Afin de former les enseignants de DNL - non francophones -, 10 enseignants de mathématiques, de sciences physiques et de français ont été envoyés en formation au CAVILAM en 2021 et 2022. Le poste a en outre mobilisé l’expertise de France Éducation international (FEI) et de l’Association pour un enseignement solidaire autour du monde (APESAM), qui ont effectué des missions en novembre 2021 et mai 2022, afin d’aider les enseignants à construire les programmes d’enseignement de DNL. Suite à la politique de promotion menée par le poste, l’École n°97 de Karaganda et l’École n°7 d’Aktau ont à leur tour ouvert en 2022 des sections bilingues francophones (pour les premières classes).  

Ces quatre sections bilingues scolarisent actuellement 250 élèves (90 à l’école n°17, 105 à l’école n°25 et une cinquantaine dans les écoles d’Aktau et de Karaganda). Elles proposent un enseignement renforcé en langue française dès la 1ère classe (6-7 ans), à raison de 3 à 6h par semaine, et l’enseignement d’une discipline non linguistique (DNL) en français (mathématiques et/ou sciences physiques, de 1 à 3h par semaine selon les établissements) en 5ème classe (élèves de 10-11 ans) et 6ème classe (11-12 ans) pour les sections d’Astana et d’Almaty.

Les perspectives d’évolution du dispositif

La création de sections bilingues francophones dans l’enseignement secondaire, avec les mathématiques et les sciences physiques comme DNL, est une mission prioritaire du poste. L’objectif est double : fournir de bons étudiants francophones aux programmes universitaires locaux (ISK : Institut Sorbonne-Kazakhstan, Centre de formation et de recherche Géo-énergies et entrée en classes préparatoires au Centre international de Valbonne) et créer une synergie positive entre le secondaire et le supérieur autour du choix du français. À terme, l’objectif serait de disposer de 5 écoles proposant un enseignement bilingue francophone. Le travail préparatoire nécessaire (repérer les établissements intéressés, former les enseignants de DNL, rédiger les programmes…) s’étendra sur plusieurs années.

Afin de valoriser les parcours dans les écoles bilingues, le poste a engagé une politique de soutien active à travers la prise en charge des frais induits par la certification des élèves étudiant en classes bilingues et par la formation des enseignants de DNL. Des conventions ont ainsi été signées entre le poste, les Alliances françaises et les quatre écoles bilingues, qui permettent d’accorder des réductions importantes aux élèves des classes bilingues lors de leur inscription à un examen du DELF organisé par une Alliance Française. Une telle réduction a été accordée en février 2022 lors du passage du DELF scolaire par 118 élèves (61 à Astana et 57 à Almaty). La formation des enseignants de DNL est quant à elle prise en charge par le poste à travers une subvention versée aux Alliances françaises.